Travail de nuit : quels sont les risques réels sur la santé ?

par | 24 octobre 2024 | Santé au travail | 0 commentaires

Le travail de nuit, bien qu’essentiel dans de nombreux secteurs, n’est pas sans conséquence sur la santé des travailleurs. En France, de plus en plus de personnes adoptent des horaires de travail « atypiques », souvent hors des créneaux habituels de la journée.

Ces rythmes décalés, s’ils permettent une continuité dans certaines activités, sont aussi responsables de divers effets néfastes sur la santé, avec des effets sur la santé physique et mentale des travailleurs.

Alors, quels sont les risques réels ? Et comment peut-on mieux encadrer cette pratique pour en limiter l’impact ?

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Définition et réglementation du travail de nuit

Le travail de nuit est défini comme tout travail effectué pendant une période d’au moins neuf heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures. La période de travail de nuit commence au plus tôt à 21h00 et s’achève au plus tard à 07h00.

Le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel et être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Il est impératif de prendre en compte les impératifs de protection de la sécurité et de la santé des travailleurs.

En effet, ces horaires atypiques ne doivent pas être imposés sans une raison valable et doivent toujours être encadrés par des mesures de protection adéquates.

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Un bouleversement du rythme biologique

Mais pourquoi travail de nuit et sommeil ne font pas bon ménage ? Le travail de nuit perturbe profondément le rythme circadien, cette horloge interne qui régule nos périodes d’éveil et de sommeil.

Ce rythme est programmé pour suivre les cycles naturels du jour et de la nuit. Lorsque l’on travaille la nuit, une véritable désynchronisation se produit entre ce rythme biologique et nos heures d’activité.

Ce décalage peut entraîner des troubles du sommeil liés au travail de nuit, comme des insomnies, mais aussi affecter l’ensemble du métabolisme. Des astuces peuvent toutefois permettre de réduire ceux-ci.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2007 cette perturbation comme un cancérogène probable. Il ne s’agit donc pas d’une simple fatigue passagère, mais d’un risque concret pour la santé.

De plus, l’Anses, dans son rapport de 2016, a confirmé que ces horaires atypiques augmentent également les risques de développer des pathologies cardiovasculaires et affectent la santé mentale des travailleurs concernés.

Les troubles de l’humeur, tels que la dépression et l’anxiété, sont souvent observés chez les travailleurs de nuit en raison du déséquilibre du système circadien et du manque de sommeil.

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Une augmentation du nombre de travailleurs de nuit

Selon une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le nombre de travailleurs de nuit a presque doublé en 20 ans.

En 2012, ils étaient 3,5 millions en France à travailler de nuit, soit 15,4 % des salariés. Ce chiffre, en constante augmentation, témoigne des nouvelles organisations du travail dans un monde de plus en plus tourné vers la continuité des services, qu’il s’agisse de santé, de sécurité ou encore de logistique.

Il est important de noter que 30 % des travailleurs de nuit appartiennent à la fonction publique, jouant un rôle crucial dans la continuité des services d’utilité sociale, notamment les policiers et les militaires.

Pourtant, le Code du travail insiste sur le fait que le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel, justifié par la nécessité de garantir la continuité d’une activité économique ou d’utilité sociale.

Mais en pratique, la demande pour des services 24h/24 ne cesse de croître, exposant de plus en plus de salariés à ces horaires atypiques.

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Des effets prouvés sur la santé physique et mentale

Les effets du travail de nuit ne se limitent pas à des troubles du sommeil ou à une fatigue chronique. L’Anses a évalué trois niveaux de conséquences pour les travailleurs de nuit :

Des effets avérés : troubles du sommeil, somnolence et syndrome métabolique.

Des effets probables : apparition de cancers (notamment du sein et de la prostate), obésité, diabète de type 2, problèmes cardiovasculaires (hypertension, infarctus) et détérioration de la santé psychique (anxiété, dépression).

Des effets possibles : hypertension artérielle, dyslipidémies (anomalies du taux de lipides dans le sang) et AVC.

La Haute Autorité de Santé (HAS) fournit des recommandations de bonnes pratiques pour la surveillance des travailleurs de nuit, soulignant l’importance de l’évaluation des risques sanitaires associés à des horaires de travail atypiques.

Ces effets ne sont pas anodins. Travailler de nuit expose à des conditions de travail plus pénibles et accroît les risques d’accidents du travail. En outre, les troubles cognitifs et les répercussions sur la vie sociale et familiale sont également fréquents.

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Le rôle du médecin du travail dans le travail de nuit

Le médecin du travail joue un rôle crucial dans la prévention et l’organisation du travail de nuit. Il est responsable de la fixation de la périodicité du suivi médical des travailleurs de nuit et peut décider de transférer temporairement ou définitivement un travailleur sur un poste de jour si son état de santé le justifie.

Le médecin du travail analyse les conséquences du travail de nuit sur les travailleurs, les conditions de travail et le contenu des postes. Il doit également informer les travailleurs de nuit sur les effets pathogènes possibles de ce type de travail et fournir une information spécifique aux femmes en âge de procréer sur les risques éventuels en cas de grossesse.

Ce suivi médical rigoureux permet de détecter et de prévenir les effets néfastes du travail de nuit sur la santé des travailleurs.

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Des conséquences sur la vie sociale et familiale

En plus des impacts sur la santé physique, le travail de nuit a des effets notables sur la vie sociale. Travailler alors que le reste de la société vit à un rythme diurne peut créer un isolement social.

Les moments de partage avec la famille et les amis sont plus rares et la participation aux activités culturelles, sportives ou associatives devient plus difficile.

De plus, l’obligation de réponse aux appels pendant les astreintes crée une pression constante et affecte l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle des travailleurs.

Ce déséquilibre peut aussi perturber la vie familiale. Il n’est pas rare que les travailleurs de nuit constatent des altérations dans leurs relations conjugales ou des difficultés à assumer pleinement leurs obligations familiales.

Ce décalage permanent avec le reste du monde ne fait qu’ajouter à la pression psychologique que ces horaires peuvent engendrer.

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Précautions et mesures de protection

Des recommandations médicales de bonnes pratiques ont été publiées par la Société Française de Médecine du Travail pour encadrer le travail de nuit. Le médecin du travail doit interroger le travailleur de nuit sur son temps de sommeil sur 24 heures et sa capacité de récupération.

Des questions sur le chronotype, les habitudes alimentaires et l’hygiène de vie sont également posées pour mieux comprendre les impacts du travail de nuit sur la santé.

Un suivi médical régulier est essentiel pour détecter des effets pathogènes tels que des troubles du sommeil, des troubles de la vigilance, une somnolence, des accidents du travail, des problèmes cardiovasculaires, une dépression ou des problèmes gynécologiques.

Ces mesures de protection visent à minimiser les risques sur la santé et à assurer un environnement de travail plus sain pour les travailleurs de nuit.

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Optimiser l’organisation du travail de nuit

L’Anses, dans ses recommandations, insiste sur la nécessité de limiter le recours au travail de nuit. L’idée n’est pas de l’éradiquer totalement, mais de le réserver aux seuls secteurs où il est réellement nécessaire. De plus, l’agence recommande une révision du cadre réglementaire pour mieux protéger les travailleurs exposés à ces horaires décalés.

Le repos compensateur est une contrepartie obligatoire pour les travailleurs de nuit, devant être intégralement rémunéré et ne pouvant pas être remplacé par une prime ou une compensation financière.

Il est également crucial de mieux organiser le travail de nuit. Cela passe par des ajustements comme la limitation de la durée des shifts de nuit (organisation du travail basée sur la rotation), l’ajout de pauses régulières et la mise en place de suivis médicaux adaptés.

Ces mesures, bien que simples, peuvent aider à réduire la désynchronisation des rythmes biologiques et à atténuer la dette de sommeil qui pèse lourdement sur ces travailleurs.

Pour résumer, le travail de nuit présente des risques indéniables pour la santé. Qu’il s’agisse de troubles du sommeil, de pathologies cardiovasculaires ou de risques de cancers, il est essentiel de prendre conscience de ces dangers.

Mieux organiser le travail de nuit, en limiter le recours et en encadrer strictement les conditions, voilà des pistes qui permettront de protéger les travailleurs tout en assurant la continuité des services essentiels.

Restez vigilant, à l’écoute de votre corps et de vos besoins, car la santé est précieuse et le travail de nuit ne devrait jamais la compromettre.

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